Mon beau Stéphane

 

Vingt mois se sont écoulés depuis que tu as décidé de nous quitter, vingt longs mois pendant lesquels j'ai pleuré, cherché, interrogé, imploré, supplié, prié.

Et oui, vingt longs mois se sont écoulés, où j'ai pleuré ton absence, ta joie de vivre, ton sourire, ton entrain, ta disponibilité, tes échanges, ta débrouillardise, ta vaillance.

Et oui, en vingt longs mois j'ai compris bien des choses. La route que tu avais choisie n'était pas facile, au contraire. Les rêves que tu te forgeais s'effondraient un à un, te ramenant à la dure réalité de la vie et ainsi la drogue prenait de plus en plus de place chez toi: probablement pour mieux affronter les déboires que cette vie te réservait. Elle t'en aura fait faire des choses te poussant toujours à l'extrême limite; je pense ici au ski hors piste que tu faisais, les sauts en moto, en motoneige, toujours de plus en plus hauts et périlleux, à l'escalade, à tes descentes des rapides dans la rivière, aux trois fois où tu avais passé la "coche" comme tu disais, à tes démêlés avec la justice dans l'ouest canadien, puis quelques jours avant ta date fatidique lorsque tu as plongé dans un trou dans la glace alors que tes chums y pêchaient. Ces quelques exemples me prouvent aujourd'hui combien tu devais être mal dans ta peau.

Et moi, là-dedans, je vivais tout cela comme je le pouvais, criant mon désarroi à mes chums et à ceux qui voulaient l'entendre, les maux d'estomac, l'insomnie, et que dire de mes tripes qui se tordaient en-dedans. Oh comme j'ai eu mal, comme j'ai souffert... Mais tout cela n'était probablement rien à côté de ce que tu pouvais endurer.

Tu sais, pendant tout ce temps, je t'ai toujours aimé et si tu savais à quel point. À maintes reprises je te le disais, je te le prouvais mais tu ne m 'entendais pas, ou plutôt, tu faisais semblant de ne pas l'entendre.

Que me reste-t-il de toi aujourd'hui? Plein de choses, plein de beaux souvenirs. Que je regarde n'importe où sur le terrain, il n'y a pas un endroit qui ne me rappelle pas ton passage parmi nous, pas un arbre sans que tu y aies grimpé, les oiseaux que tu aimais tant, les écureuils que tu nourrissais dans tes mains, les canards, les arbustes que tu y as plantés, tout. Tout ici est imprégné de toi et malgré tes écarts, tu aimais bien t'y retrouver, nous retrouver ton frère, ta mère et moi, parce que c'était la nature, un endroit de rêve, un repos et un abri aux intempéries de la vie, un havre de paix.

Et j'ai compris que pour toutes ces raisons tu es venu y terminer ta visite sur terre, auprès de nous, le vingt-sept mars mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit , à l'âge de vingt-trois ans.

Merci mon grand d'avoir posé ce geste ici, chez-nous.   Je t'aime

Réjean xxx

 

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